Table des matières
1 – Qu’est ce que le ginseng ?
Traditionnellement utilisée en médecine chinoise depuis des millénaires, les ginsengs (et non pas “le ginseng” – car ils sont nombreux) sont connus pour leurs propriétés de toniques et reconstituants voire régénérateurs, d’où leur nom de genre Panax évoquant la panacée, le remède universel.
Le ginseng sauvage ou « de cueillette », traditionnellement inscrit à la pharmacopée chinoise est la variété Panax ginseng C.A. Meyer. Ce ginseng asiatique pousse à l’état naturel dans les forêts de Corée et de Mandchourie mais il est extrêmement rare et difficile à récolter donc plutôt cher.
On trouve donc dans le commerce différentes variétés de ginseng de culture (généralement en cultures intensives et surexploitées, en Asie ou en Amérique du Nord, en raison de la forte demande mondiale) telles que :
– Panax quiquefolius Linné., ginseng à cinq feuilles (Amérique du Nord), ou ginseng américain, le plus réputé après la variété Panax ginseng,
– Panax notoginseng (Burkill) F.H. Chen, ginseng san-chi, officinal en Chine,
– Panax Japonicus (C.A. Meyer) (Chine, Japon, Vietnam).
La partie de la plante utilisée est la racine.
Les ginsengs sont des espèces à croissance lente. Il faut en effet plusieurs années pour que les racines aient une composition intéressante pour la consommation1. On récolte les racines âgées de 6 ans en moyenne, parfois un peu plus jeunes pour les ginsengs de culture ou plus âgées, pour une plante à l’état sauvage.
On peut trouver cette racine préparée de 2 façons différentes :
- séchée, entière ou coupée (ginseng blanc)
- soumise à la vapeur et séchée (ginseng rouge)
Il semble que le « ginseng rouge » soit un peu moins riche en composés actifs, certains ayant été détériorés par l’action de la chaleur.
Attention
Tous les ginsengs ne se valent pas !!
Leur composition diffère d’une variété à l’autre et même, comme on l’a vu plus haut, en fonction du traitement subit par la racine ainsi que de l’âge de la plante au moment de sa récolte. Sans parler des préparations frelatées que l’on peut trouver sur le marché, notamment sur internet.
D’autre part, certaines variétés ne sont pas réellement des ginseng (par exemple, le « ginseng de Sibérie » ou Eleuthérocoque ou encore le « ginseng péruvien » ou Maca). Elles peuvent être qualifiées de stimulantes mais ne possèdent pas les mêmes composés chimiques.
Comme on le verra au fur et à mesure, la teneur en composés actifs d’une plante, et donc de ses extraits, est très dépendante de son habitat et de la manière dont elle a été cultivée (sol, ensoleillement, apport en eau,.. sans compter les éventuels apports extérieurs chimique propres aux cultures à haut rendement.)
Un parallèle peut d’ailleurs être fait avec le vin :
Prenons un même cépage planté dans 2 régions différentes, aux caractéristiques météorologiques différentes, ne donnera pas des vins similaires. Certains seront plus sucrés, plus fruités (les procédés de vinifications jouent bien entendu un rôle important dans ce cas, mais pas uniquement.)
J’arrête là la comparaison car ce domaine n’est pas ma spécialité ni le sujet de cet article mais c’est un exemple qui me semble plus facilement identifiable et parlant.
Il est donc extrêmement important de toujours savoir à quelle espèce on a à faire (genre, variété)2 et tout revendeur qui se respecte, laboratoire pharmaceutique ou autre, doit être en mesure de fournir une fiche technique3 résumant l’origine de la plante, la ou les parties utilisées, la ou les méthodes d’extraction et surtout sa composition qualitative et quantitative détaillée.
2 – Quelles sont les propriétés des ginsengs ?
Les propriétés du ginseng sont assez largement étudiées, en partie chez l’Homme et en partie chez la souris.
Les études réalisées chez la souris sont plus nombreuses ; elles ont le mérite de mettre en évidence l’activité de certains composants contenus dans la racine de ginseng mais les résultats obtenus sont difficilement transposable à l’Homme.
Voici les principales propriétés des ginsengs :
- stimulant physique et psychique (action au niveau du système nerveux et au niveau intellectuel).
- active les échanges (améliore la tolérance au glucose et la sensibilité à l’insuline, favorise les échanges au niveau rénal)
- action sur l’agrégation plaquettaire4
Plus anecdotique mais intéressant, il pourrait avoir un intérêt en tant que conservateur dans l’industrie agro-alimentaire5
En résumé
Le ginseng est avant tout une plante stimulante et adaptogène, parfaite pour l’hiver.
Il aide l’organisme à faire face à toute sorte d’agression physique (infectieuses) ou psychique (stress, fatigue).
En France, selon l’Agence du médicament, la racine de ginseng est « traditionnellement » indiquée « dans les asthénies fonctionnelles ».
La Pharmacopée allemande la décrit comme « tonique fortifiant en cas de sensation de fatigue ou de faiblesse, de baisse de capacité de concentration et d’activité et en période de convalescence »
3 – Comment consommer les ginsengs ?
On trouve la racine de ginseng sous forme
- entière sèche (pure, à conserver au maximum 3 semaines), à utiliser en décoction ou dans l’alimentation
- de poudre, en gélules ou comprimés
- liquide, en teinture mère ou EPS (Extrait de Plantes Standardisés)
Il vaut mieux privilégier des spécialités contenant la racine entière plutôt que des extraits (et c’est presque toujours le cas en phytothérapie) afin de bénéficier de la synergie d’action de tous ses composants chimiquement actifs.
Les autorités françaises et allemandes recommandent au maximum
2 g de racine/jour, pendant 3 mois
ou en équivalant poudre de racine sèche, entre 0,30 et 1g de poudre /j.
Vous trouverez en pharmacie des spécialités pharmaceutiques (j’insiste sur ce point car un laboratoire pharmaceutique est soumis à une règlementation qui lui impose de contrôler l’origine des produits qu’il commercialise ainsi que leurs compositions qualitative ET quantitative exacte) avec des indications de posologies propres à la forme choisie. Il serait trop long de faire ici un liste de toutes les références existantes.
Précautions d’emploi :
Le ginseng est déconseillé chez :
– les femmes enceintes ou allaitantes
– les personnes présentant de troubles du type schizophrénies, épilepsies
– le personnes traités par des médicaments anti-coagulants
– les personnes diabétiques insulino-dépendants
La parole (si on peut dire ;-)) est à vous :
Et vous, où allez-vous pour vous approvisionner en plantes de ce type ?
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Et n’hésitez pas à me laisser vos commentaires ou à me poser des questions, j’y répondrais avec plaisir 🙂
Sources :
Pharmacognosie, Phytochimie, Plantes médicinales – Jean Bruneton, Ed.Lavoisier, 4e édition
Phytothérapie, Dr. Valnet, 6e édition
1 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29150823
2 et 3 : ces notions feront l’objet d’un article de définitions prochainement
4– https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29174034
Panax notoginseng saponins reduce high-risk factors for thrombosis through peroxisome proliferator-activated receptor -γ pathway.Shen Q1, Li J1, Zhang C1, Wang P1, Mohammed A1, Ni S2, Tang Z3.
5 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29147103
Antibacterial Effects against Various Foodborne Pathogens and Sensory Properties of Yogurt Supplemented with Panax ginseng Marc Extract.Eom SJ1, Hwang JE1, Kim KT2, Paik HD1,2.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29181006
Antiviral influenza A chez souris Protective Effect of Panax notoginseng Root Water Extract against Influenza A Virus Infection by Enhancing Antiviral Interferon-Mediated Immune Responses and Natural Killer Cell Activity.Choi JG1, Jin YH1, Lee H1, Oh TW1, Yim NH1, Cho WK1, Ma JY1.
Bonjour Alexandra,
Merci pour cet article très instructif!
Je me posais la question de l’huile essentielle de Ginseng.
Est-elle aussi efficace, et comment la consommer alors, en la respirant, en l’ingérant?
Merci,
Delphine
Bonjour Delphine,
Je n’ai pas trouvé d’info sur l’huile essentielle de Ginseng dans mes bouquins, apparement on trouve des huiles ou extraits de ginseng sur internet mais je n’ai rien vu de sérieux ni rien sur des sites reconnus. Je chercherais de manière plus approfondie mais à 1ere vue, il vaut mieux s’abstenir de la consommer sans savoir d’oû elle vient ni quelle est sa composition exacte.
Sinon, pour la théorie, une huile essentielle est un concentré d’actif donc elle est toujours plus efficace que la plante entière et donc généralement plus toxique aussi.
Si j’arrive à avoir plus d’info, je te le dirais…
A bientôt !