Diabète et alimentation : l’interview d’Estelle en vidéo

Diabète et alimentation : l’interview d’Estelle en vidéo

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Bonjour !

Cette semaine on parle d’alimentation, mais dans un cadre particulier, celui du diabète. Et pour aborder ce sujet, j’ai interviewé Estelle, médecin et auteure des blogs Minceur, Fitness et Santé et Diabète, toi et moi.

Vous pouvez suivre cette interview en vidéo, en podcast, ou encore lire la transcription qui suit, vous avez l’embarras du choix !

  • Vous apprendrez comment vous nourrir sainement, que vous ailliez un diabète de type 1 ou 2.
  • Que peut vous apporter un régime tel que le régime céto, qui, en réalité trouve son origine avec le régime Atkins (voici 2 livres pour en savoir plus et un lien vers un article d’Estelle sur le sujet)

  • Quels outils technologiques peuvent vous permettre de pour vivre votre diabète au quotidien plus facilement.

Bon visionnage et bonne lecture !


Transcription de l’interview

(Moi) Depuis combien de temps es-tu diabétique ?

(Estelle) Je suis diabétique depuis que j’ai 15 ans, donc ça va bientôt faire 25 ans. Maintenant, les enfants sont souvent diabétiques de plus en plus jeunes, mais au départ c’est le diabète de l’adolescence.

(Moi) Quelles sont les contraintes au quotidien en terme d’alimentation ? 

Il n’y a pas tant de contraintes que ça, bien qu’il y en ait.

Il y en a dans le sens où il faut idéalement se rapprocher de l’alimentation la plus équilibrée possible, mais qui serait celle que tout un chacun devrait essayer d’avoir, dans l’idéal.

Le fait qu’il y ait maintenant des pompes à insuline et non plus uniquement des injections au stylo ou à la seringue permet d’espacer les repas, de ne pas manger à heures fixes, éventuellement sauter un repas : c’est beaucoup plus souple qu’il y a quelques années.

La pompe à insuline délivre un débit basal puis on fait un petit bolus avec une télécommande ou directement sur la pompe chaque fois que l’on mange, pour les repas, pour un goûter. Si l’on saute un repas, on ne fait pas le bolus, donc l’insuline qui va rester sera juste celle qui correspond aux besoins du métabolisme de base. C’est plus souple.

On peut aussi manger des sucreries en les adaptant, en calculant la bonne dose d’insuline, mais ce n’est pas forcément recommandé.

Pour bénéficier d’une pompe dans le cas de diabète de type 1, il faut une certaine compliance, il faut que le patient ait envie d’avoir la pompe, parce que c’est quelque chose qui peut se voir, notamment chez les adolescents ([ndlr]: en complément, vous pouvez lire cet article); il faut l’accepter. Ce n’est pas très compliqué à paramétrer, mais il faut que la demande vienne du patient. Et il n’y a pas de critère particulier de déséquilibre ou d’ancienneté.

(Moi) Sur ton blog, tu parles du régime Céto et de ses bienfaits sur la régulation de la glycémie : peux-tu nous expliquer en quelques mots en quoi consiste ce régime ?

On pense souvent à tort que c’est un régime hyperprotéiné, mais ce n’est pas le cas. Il est à la mode en ce moment, sous le nom de régime Céto, Kéto ou LCHF ([ndlr] : Low carb Hight fat), mais en pratique il n’a rien de nouveau : c’est le régime Atkins, qui doit avoir 20 ou 30 ans. Il est justement souvent mal fait ; les gens mangent trop de protéines et pas assez de lipides pour réellement faire ce régime Céto.

C’est un régime normoprotéiné et non hyperprotéiné. Souvent, comme on limite énormément la consommation de glucides, quels qu’ils soient, y compris les fruits au début, les gens augmentent la quantité de protéines, ce qui n’est pas du tout l’idée puisqu’à partir des protéines le corps peut fabriquer du glucose.

[ndlr] : Qu’est-ce que le régime céto ou Atkins : il consiste à réduire au maximum l’apport de glucide dans la 1re phase, de consommer beaucoup de bon gras et une quantité normale de protéines (en fonction de la corpulence et de l’activité de chacun). Ensuite, on réintroduit progressivement les bons glucides, en quantité modérée. Le corps, privé de glucides apportés par l’alimentation, transforme le gras en glucides pour apporter de l’énergie au quotidien. Pour cela, il puise dans le gras apporté par l’alimentation, mais aussi dans les réserves !

(Moi) Quels sont ses bénéfices en général et plus particulièrement dans le cas d’une personne atteinte de diabète ?

L’intérêt est de réduire les glucides afin que l’organisme s’adapte et réapprenne à utiliser les lipides que l’on mange comme source principale d’énergie, voire puise dans les réserves de l’organisme (surtout pour le diabète de type 2).

On peut ainsi observer un amaigrissement et une perte de poids assez important, ainsi qu’une forte amélioration de la sensibilité à l’insuline, que ce soit dans le cadre d’un diabète de type 1 ou de type 2.

Les besoins en insuline étant moins importants, il  y aura moins d’hyperglycémie, qui est le facteur qui entraine une résistance à l’insuline.

En tendant vers une normoglycémie, on va aussi observer une perte de masse graisseuse, notamment viscérale, qui va, elle aussi, contribuer à une baisse importante de la résistance à l’insuline. C’est le cas dans le diabète de type 2, mais également dans le diabète de type 1, car une grande partie des diabètes de type 1 est associée à une résistance à l’insuline : à l’heure actuelle on peut même parler d’un diabète de type 1 associé à un type 2.

L’insuline est une hormone anabolisante, donc elle fait grossir, et l’on se rend compte que chez beaucoup de personnes atteintes de diabète de type 1, les besoins en insuline sont énormes parce qu’ils ont aussi développé par la suite cette résistance. On peut donc vraiment améliorer l’équilibre du diabète en diminuant la quantité de glucides apportés par l’alimentation.

(Moi) En dehors de ce régime, as-tu des conseils concernant les courses et le choix des aliments ?

Il faut essayer de manger le plus équilibré possible, s’orienter vers des producteurs locaux, une alimentation bio si on y a accès, et faire très attention aux plats préparés, que ce soit sucré ou salé, parce que dans n’importe quel plat préparé y compris salé, on retrouve des glucides (farine, sirop de glucose). Pour l’exemple, il y a deux jours mon mari a acheté un plat préparé au supermarché, un effiloché de porc : il y avait 5g de sucre pour 100g, donc 1 cuillère à café de sucre dans une portion pour 1 personne. Il faut donc bien en tenir compte et si possible cuisiner soi-même.

(Moi) Dans notre pratique, nous avons eu l’occasion de voir de plus en plus d’enfants touchés par un diabète insulinodépendant très tôt, et l’on imagine bien la difficulté de réguler la glycémie d’un enfant, compte tenu de la croissance, des changements hormonaux, des pulsions sucrées : 

Quel(s) conseils pourrais-tu donner aux parents, en termes d’habitudes (alimentaire, horaire…) à adopter notamment ?

Déjà, il faudrait que toute la famille essaie de manger le mieux possible, pour que l’enfant ne soit pas exclu avec son régime particulier, et ce sera bénéfique pour tout le monde.

Ensuite, concernant de la gestion du diabète, il y a beaucoup d’améliorations avec les nouvelles technologies qui permettent d’aider les parents d’enfants diabétiques. Il existe des capteurs de glycémie, qui restent en place, selon les capteurs, 5, 7 ou même 14 jours : les parents ont juste à scanner le capteur qui est sur le bras de leur enfant et ils voient la glycémie. Pour la nuit, cela peut être bien pratique, au lieu de le réveiller pour lui faire une piqûre au bout du doigt. Aujourd’hui, on peut même le coupler à un petit transmetteur qui retransmet la glycémie en temps réel sur le smartphone ou la montre connectée des parents, et qui permet de programmer des alertes en cas de baisse ou de hausse de la glycémie chez l‘enfant, afin de réveiller le parent.

(Moi) Quelles options peuvent-ils avoir pour gérer les pulsions sucrées, les envies de bonbons/gâteaux ?

Il faut essayer de tendre vers ce qu’il y a de mieux, mais sans établir de gros interdits absolus, parce que c’est une maladie pour la vie et il ne faut pas que les enfants se retrouvent complètement à l’écart et n’aient pas le droit de manger ponctuellement telle ou telle sucrerie comme leurs copains.

(Moi) Concernant les jeunes adultes : comment concilier diabète et consommation d’alcool ?

La question de l’alcool est assez compliquée parce qu’on va observer deux phases : une hyperglycémie et une hypoglycémie.

La plupart des alcools contiennent des glucides, qu’il faut prendre en compte dans son calcul de bolus d’insuline, mais le problème c’est que cela modifie le métabolisme hépatique, le métabolisme des sucres, et derrière on risque d’avoir des hypoglycémies. Elles sont difficiles à prévoir et il est donc difficile d’adapter la dose d’insuline nécessaire, cela varie beaucoup d’une personne à l’autre et d’un type d’alcool à l’autre.

Je pense qu’il faut bien se connaître et essayer de rester raisonnable, comme pour tout, mais il faut bien penser qu’il peut y avoir des risques d’hypoglycémie. À la rigueur si l’on oublie de calculer les glucides on va vite le savoir ; par contre on sait que derrière il peut y avoir des hypoglycémies liées au cette modification du métabolisme hépatique des glucides, donc il faudra augmenter les contrôles.

FIN

J’espère que cette interview aura répondu à certaines de vos interrogations, n’hésitez à poser vos questions ou à laisser vos commentaires au-dessous de l’article.

Et en bonus, vous pouvez télécharger la recette de clafoutis de saison d’Estelle, une recette idéale en cas de diabète, car pauvre en sucres !


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